Prise de son et enregistrement des guitares en studio

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Il existe de multiples façons d’enregistrer les différents types de guitares mais au risque de manquer d’originalité, je privilégie la facilité et la rapidité en procédant toujours de la même façon.  Ce n’est pas très créatif mais au moins le résultat est constant ! Voici donc en détail mes « recettes de cuisine » pour les prises de son des guitares électriques, basses et guitares acoustiques en commençant par un petit mot sur l’enregistrement.

 

PRISE DE SON ET ENREGISTREMENT

Je tiens tout d’abord à faire la nuance entre ces deux notions même si cela tient à peu de chose : pour moi l’enregistrement concerne l’encodage du son dans un fichier ou sur un support, majoritairement numérique de nos jours, alors que la prise de son est relative à la chaîne de traitement en amont de l’enregistrement.

Quelles que soient les conditions d’enregistrement, live ou studio, j’enregistre toujours en numérique avec 24 bits de résolution (ou de quantification) afin d’avoir la meilleure amplitude de signal possible, soit un peu plus 140 dB alors qu’en 16 bits on plafonne à 96 dB. L’intérêt est de ne pas avoir à chercher absolument à frôler le 0 dB dès l’enregistrement comme on devait le faire auparavant afin d’avoir la meilleure dynamique possible. L’autre intérêt est la préservation du signal dans les aigus et surtout dans les graves, en offrant une plage de dynamique beaucoup plus précise qu’en 16 bits. Dès lors enregistrer à -10 dB en 24 bits laisse encore plus de 130 dB de marge alors qu’en 16 bits on tombe déjà à 86 dB…

L’autre valeur à décider concerne l’échantillonnage (44 100, 48 000, 88 200, 96 000 voire 192 000 Hz) et les avis sont ici très partagés. J’ai décidé de travailler en 48 kHz car je trouve que la latence est très satisfaisante à ce taux mais si l’objectif est de produire un CD audio alors il est sans doute plus judicieux de travailler directement en 44 100, ce qui évitera d’avoir à passer par des manipulations au moment du mastering qui peuvent générer des artefacts. En tout cas on gagne une étape supplémentaire, ce qui est toujours source d’erreur ou, au mieux, de perte de temps. Je n’ai aucun avis sur les taux d’échantillonnage élevés même si sur certains sons bien particuliers j’ai parfois un doute… N’oublions pas que ces taux d’échantillonnage élevés ont un impact sur la taille des fichiers et que le 48 kHz en 24 bits n’occupe donc que la moitié de l’espace mémoire d’un même enregistrement réalisé en 96 kHz. Même constat au niveau de la CPU qui va devoir « mouliner » deux fois plus d’échantillons à cette dernière fréquence.

 

PRISE DE SON DE LA GUITARE ELECTRIQUE

On commence par le plus simple, on se branche dans l’entrée ligne de la carte son et hop ? Eh bien non ! Sauf si le but est d’avoir un son bizarre, personnellement je le déconseille à moins que ladite carte son ne soit équipée d’un réglage de gain en entrée ou ne soit spécifiquement faite pour la guitare électrique. En général ces entrées sont théoriquement neutres et n’offrent aucun caractère particulier.

C’est pour cette raison que je branche d’abord la guitare électrique dans un pré-ampli à lampe deux canaux, l’un réglé pour les guitares à simple bobinage (de type Fender) et l’autre pour les guitares à double bobinage (de type Gibson). Ainsi je peux doser facilement le gain et le drive afin de « cruncher » très légèrement le son comme le ferait un véritable ampli à lampe. En revanche, c’est bien ce son que j’enregistre ensuite sans intercaler d’effet entre l’entrée de la carte et le logiciel d’enregistrement. De cette façon il est très facile au moment du mixage de choisir la simulation d’ampli la plus adaptée au morceau et de changer d’avis après l’enregistrement. J’évite toutefois de trop pré-saturer le signal, du moins de manière notable sauf si vraiment  je cherche un effet particulier, et j’enregistre un signal le plus clair possible. Car il est toujours envisageable de « salir » celui-ci après l’enregistrement alors que l’inverse est impossible…

L’autre avantage de cette méthode est de pouvoir utiliser en amont du pré-ampli des pédales d’effet traditionnelles qui de cette façon, et bien que cela offre moins de souplesse au moment du mixage, vont interagir « correctement » avec le pré-ampli ce qui n’est absolument pas le cas lorsqu’on utilise l’entrée, même dédiée, d’une carte son. Sauf si l’objectif est de simuler un essaim d’abeilles !

Ne reste plus qu’à choisir une simulation d’ampli avec dosage de l’ambiance. Il en existe un grand nombre, certains sont même gratuits avec un niveau de qualité excellent (notamment ceux de LePou ou d’Ignite Amps). Ma préférence va vers Amplitube dont je trouve les sonorités plus naturelles qu’un Guitar Rig mais c’est affaire de goût.

 

PRISE DE SON DE LA BASSE

Mêmes remarques que pour la guitare électrique, on ne se branche pas directement dans la carte son sauf si l’entrée est dédiée à cet usage ou comporte un réglage de gain. Personnellement je branche la basse dans un compresseur matériel avec un ratio très faible, ce qui permet de lisser légèrement le signal. Légèrement signifiant ici que cela ne s’entend pas ! Encore une fois mieux vaut se garder un maximum de possibilités au moment du mixage… En matière de simulation, il y a un peu moins de choix qu’en guitare mais la plupart des simulateurs d’ampli guitare comportent un ou plusieurs modèles pour basse. Et puis rien n’empêche d’être créatif en essayant des combinaisons qui sembleraient improbables de prime abord !

 

PRISE DE SON DE LA GUITARE ACOUSTIQUE

On pourrait très bien procéder comme pour la guitare électrique ou la guitare basse sauf que je déteste le son totalement artificiel d’un piezo de guitare électro-acoustique. En plus je trouve ça ultra-daté, ça sonne terriblement années 80 ! Bien entendu, en l’absence de matériel, on n’a pas d’autre choix que de procéder de cette façon.

Là encore c’est un avis personnel mais je préfère utiliser deux micros, l’un pointé en haut à gauche de la rosace (quand on est droitier) et l’autre en bas à droite vers la main « qui gratte ». Le premier va capter le son riche et sonore de la table d’harmonie avec une amplitude moins importante que si on le faisait vers l’arrière de la guitare, et l’autre va permettre de saisir toutes les attaques du médiator ou des doigts. Ces deux micros sont branchés dans un pré-ampli à lampe et l’enregistrement se fait donc en stéréo…

Ce principe offre un nombre de possibilités quasi infinies lors du mixage mais j’aborderai ce sujet de manière détaillée dans un prochain article…

 

AH OUI, J’OUBLIAIS…

Voici quelques points de repère que j’utilise aujourd’hui pour travailler de manière confortable à chaque étape de production d’un morceau pour garantir une bonne marge de manoeuvre :

– enregistrement : -18 dB

– mixage : -9 dB

– mastering : -1 dB

 

– wan –

2 thoughts on “Prise de son et enregistrement des guitares en studio

  1. Tu parles d’opter pour le 44,1 kHz si l’objectif est de produire un CD audio. Dans ce cas, le 16 bits est également nécessaire.

    1. Bonjour Olivier,

      il y a un rapport légèrement supérieur à 1 entre l’échantillonnage à 44 100 Hz et celui à 48 000 Hz et peu d’oreilles font la différence (pourtant il y en a bien une et l’on s’en rend d’ailleurs compte lorsque l’on applique différents traitements au signal sur un système d’écoute suffisamment précis). En revanche ce rapport est de 256 entre le 16 bits et le 24 bits. Autrement dit il y a un bond qualitatif gigantesque entre ces deux modes de quantification, raison pour laquelle il vaut mieux éviter à tout prix le 16 bits en enregistrement, alors que le signal n’est pas encore compressé et qu’on a justement besoin d’une plage de dynamique la plus naturelle possible.

      Le 16 bits est un format cible imposé par les contraintes techniques d’alors (il était même question de n’utiliser que 14 bits !), on réduit le mixage final de 24 à 16 bits au tout dernier moment durant la phase de mastering par l’application d’un algorithme de dithering. Le dithering ne doit s’appliquer qu’une seule fois lorsque l’on est sûr que plus aucun traitement ne sera ajouté derrière. C’est primordial sinon on fait pire que mieux ! Personnellement, je trouve l’écoute de CD rapidement pénible et fatigante, même avec une très bonne platine CD dont les algorithmes de décodages sont pourtant efficaces, tellement la plage de dynamique est médiocre. L’enregistrement 16 bits est valable pour du brouillon, guère plus !

      -wan-

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