Autre étape critique à préparer calmement, la fixation du manche doit se faire en tenant compte du fait que les deux cordes extrêmes mi grave et mi aigu doivent être parallèles aux bords du manche mais il ne faut pas qu’elles « sortent » de la touche en cours de jeu.
Les mécaniques ont été installées sur le manche pour pouvoir y fixer temporairement les deux cordes qui vont permettre de vérifier si l’alignement du manche est correct.
Comme on peut le voir ci-dessus sur les mécaniques Schaller, trois d’entre-elles sont prévues pour les cordes graves (en bas sur la photo, l’oeillet de rétention est proche du haut de l’axe d’enroulement) et les trois autres pour les cordes aigues (mécanique du haut sur la photo).
Le sillet monté sur le manche est un Graph-Tech TUSQ dans lequel les cordes ne se bloquent pas lors des bends ou des abus de vibrato, ce qui résout le problème endémique du blocage de la corde sol dans les sillets simples en os.
Avant de choisir un sillet, il faut en connaître la hauteur, la largeur, l’épaisseur mais aussi bien vérifier si la base doit être plate ou incurvée selon le type de manche. Celui-ci a été modifié de telle sorte que le mi grave soit plus proche du bord de la touche que le mi aigu.
J’ai ensuite installé une corde côté grave et une autre côté aigu pour vérifier l’alignement de celles-ci avec le manche, en particulier au niveau de la jonction du corps. La photo prise en gros plan ne rend d’ailleurs pas justice aux réglages effectués puisque la lentille déforme la perspective et donne l’impression que les cordes sont situées au bord de la touche, ce qui n’est heureusement pas le cas !
Le corps est déjà percé, ce qui facilite grandement les choses, mais le manche doit être aligné d’une part avec le corps, car les micros vont y occuper les cavités prévues à cet effet et leur alignement avec les cordes doit être relativement précis, et d’autre part avec le vibrato à travers lesquelles passent les cordes.
Pour que l’ensemble corps/manche ne bouge pas durant le percement, il est temporairement maintenu par un serre-joint et deux tasseaux. Les trous sont réalisés à la perceuse électrique.
Le manche ayant déjà été utilisé sur une guitare aux cotes légèrement différentes d’un modèle Fender, je me retrouve avec huit trous dont quatre qu’il vaut mieux reboucher pour que la fixation soit fiable.
Un peu de colle à bois et des allumettes suffisent à reboucher ces trous inutiles.
La jonction corps/manche est parfaite, aucun réglage particulier ne sera finalement nécessaire. A noter cependant que quelques semaines plus tard, le manche avait bougé, les vis s’étaient desserrées très certainement à cause du corps qui a dû continuer à sécher.
Prochaine étape : assemblage du pickguard…
Bonjour, article très intéressant.
Je possède d’une part un manche non percé, et d’autre part, 2 corps forme strat dont les trous de fixation du manche ne sont pas « au bon endroit ». Pensez-vosu qu’avec de la colle à bois et des allumette cela fasse l’affaire?
Vous dites avoir utilisé un serre-joint et deux tasseaux pour que l’ensemble ne bouge pas. Donc ensuite, avez-vous retourné le tout et percé « en utilisant les trous du corps comme guide?
Merci pour votre réponse
Hello,
oui pour la deuxième question, j’ai bien utilisé les trous du corps comme guide mais uniquement pour procéder au marquage des emplacements sur le talon du manche et non pour le percer. La raison tient au fait que le fût d’une vis, qui est la partie non filetée entre la tête et la partie filetée, est plus large que cette dernière. Ensuite j’ai percé les emplacements directement sur le talon du manche mais avec une mèche dont le diamètre est inférieur au pas des vis. Ce détail est très important car c’est cette partie filetée de la vis qui va « prendre » dans le bois du manche est assurer un maintien ferme. Le fût de la vis ne fait que traverser le corps de la guitare, la vis doit pouvoir y tourner librement. A noter au passage que j’ai utilisé une perceuse à colonne pour être sûr de « percer droit ». Une fois le tout assemblé, le corps de la guitare se retrouve « pris en sandwich » entre les têtes de vis et le manche où elles sont fermement fixées. Principe qui me permet d’aborder la première question…
Là où des allumettes sont suffisantes de par leur diamètre pour reboucher un ancien perçage du manche, elles ne sont pas adaptées pour reboucher les trous de perçage d’un diamètre beaucoup plus important du corps. Et le bois des allumettes est beaucoup trop tendre… Je préconise l’utilisation de tourillons d’assemblage, très durs, très résistants, fixés avec une colle à bois. C’est exactement la méthode que j’ai utilisée et qui est illustrée de photos dans mon article « Amélioration d’une Washburn J28SDL » pour y fixer le bouton attache-courroie sur la caisse afin de remplacer la cheville en plastique d’origine.
Bon jour férié en tout cas, idéal pour faire un peu de lutherie !
-wan-