Eventide SplitEQ – Une approche différente et complémentaire de l’égalisation

Il ne se passe pas une journée sans que je ne reçoive des pubs vantant les mérites d’un nouveau plugin qui va, par la magie du « machine learning », venir à bout à ma place d’une manière bien plus efficace et déterminante de toutes les tracasseries posées par un mixage. Il n’y a pourtant rien de tout ça concernant le plugin dont je vais parler ci-dessous, son lancement a même plutôt été discret au point que je n’y ai pas prêté attention de suite. Il n’est d’ailleurs même pas question d’une quelconque « intelligence » ou de quelconques mystères : la sobriété va souvent de paire avec l’excellence. Car l’approche proposée par la firme Eventide à travers ce SplitEQ marque une évolution notable, voire une petite révolution, dans la façon dont on peut désormais aborder un mixage. Passage en revue d’un outil remarquable et versatile…

Avant d’aller plus loin, je précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’un publireportage, que je n’ai pas non plus été sollicité par Eventide ou qui que ce soit d’autre pour parler du SplitEQ. Je partage simplement mon enthousiasme pour ce plugin innovant et surtout très efficace !…

Un égaliseur bien différent des autres…

Autre précision importante, il ne s’agit pas non plus d’une alternative à Pro-Q3 comme j’ai pu le lire ici ou là (même si l’ergonomie des plugins de Fabfilter est en train de devenir un maître-étalon qui fait ici un émule et c’est tant mieux pour nous) car le SplitEq sépare les transitoires du corps du signal entrant et permet d’agir de manière indépendante mais complémentaire sur ces deux domaines. L’idée est simple mais brillante, bien que ce ne soit pas non plus la première fois qu’Eventide ou un autre constructeur propose un plugin qui permette de travailler de cette façon, mais elle n’avait jusqu’à présent jamais été aussi bien pensée et développée. En tout cas pas à ma connaissance même si le Transgressor de Boz a indéniablement ouvert la voie… En ce sens, SplitEQ est très complémentaire d’un « banal » égaliseur et on peut très bien combiner les deux pour équilibrer subtilement un mixage.

Mais venons-en au fait : toutes les fois où j’ai eu besoin d’utiliser des outils particuliers pour calmer les transitoires, il s’agissait principalement de grosses caisses dont il fallait équilibrer la présence et la « compatibilité » avec la piste de basse, de synthés aux attaques trop agressives, de sifflantes proéminentes sur des voix ou d’effets spéciaux dont il fallait calmer l’amplitude. A ce titre, le DS-10 d’XLN Audio, le Sasquatch de Boz Digital, le Transient Shaper d’iZotope sans oublier le Melodyne de Celemony m’ont toujours permis de traiter les problèmes et restent des outils très efficaces chacun dans leurs domaines.

SplitEQ offre tout ce que ces outils savent déjà faire mais en donnant la possibilité de découper le spectre en huit bandes indépendantes dont il est possible pour chacune d’elle d’égaliser séparément les transitoires et le corps du son. Il est aussi possible pour chacune de ces bandes de travailler en stéréo ou en mid/side (dans le cas d’un signal stéréo évidemment), de panner différemment les transitoires et le corps du son, de régler le Q, de choisir parmi 6 courbes d’égalisation différentes, de choisir la pente des filtres…

… bien fait et bien pensé

En termes de réglages globaux, il est proposé de spécifier le type de signal entrant (divers instruments et percussions, mixage global, voix…) pour ensuite éventuellement affiner le réglage des seuils de détection des transitoires si nécessaire, en niveau ou en vitesse. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer de nombreuses sources différentes mais l’efficacité du moteur propriétaire développé par Eventide, appelé « Structural Split », est simplement efficace.

Autre réglage redoutable en sortie de plugin : un gain indépendant pour les transitoires et le corps du son appliqué à l’ensemble des filtres respectifs. Non seulement c’est très efficace pour faire « entrer » une piste dans un mixage ou au contraire la mettre en avant mais c’est aussi un outil qui pousse à être créatif. Je me délecte rien qu’à l’idée d’abuser de l’automation sur ces paramètres !

Il évidemment possible d’écouter séparément chaque filtre de manière « intégrale » ou uniquement les transitoires ou le corps du signal. Même possibilité sur l’ensemble du spectre ainsi que la modification du panning, l’inversion de la phase, l’échelle d’affichage indépendante pour les transitoires et le corps du signal, la modification des paramètres d’affichage, l’undo/redo et la comparaison A/B, l’ajustement de l’affichage du spectre…

Et je crois que je n’ai rien oublié ! Ah si ! Le plugin est aussi redimensionnable à volonté… Bref c’est bien fait, bien pensé et la prise en main est très simple.

Conclusion

En pratique, SplitEq apporte un nouvel angle d’attaque pour assagir une piste, ou au contraire l’épaissir ou lui donner plus de mordant, affiner l’équilibre d’un mix (je pense notamment au couple « maudit » du pied de grosse caisse et de la basse)… Il permet aussi de subtilement fondre des pistes de soutien dans la masse ou de mettre en avant un passage comme dans le cas d’un solo et sans doute bien d’autres choses encore qu’il reste à découvrir car je suis convaincu qu’à l’usage de nombreuses idées vont venir. De plus, la prise en main facilitée par une interface moderne et évoluée fait que l’on peut se concentrer d’autant mieux sur le son.

Au final, je parie qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ce plugin !

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