Plugins d’ampli pour guitare – Partie 2 : évaluation de quelques références

Comme indiqué précédemment, je passe cette fois en revue quelques références de plugins d’ampli pour guitare parmi celles que je connais le mieux, sur la base des critères détaillés dans la première partie de ce dossier.

Avant toute chose, j’insiste une fois de plus sur le fait que je n’ai pas ici la prétention d’être exhaustif, l’offre dans ce domaine étant aujourd’hui très fournie. Je vais me contenter de parler de celles que je connais pour les avoir déjà utilisées. Je précise aussi que je ne suis pas du tout fan de « gros sons » et que je me garderai bien d’évaluer cette catégorie de plugins car je ne m’y connais absolument pas dans ce domaine. Quoi qu’il en soit, voici à ce jour les références que je connais le mieux pour les utiliser plus ou moins fréquemment :

  • Amplitube 2, 3, 4 puis 5, Tonex d’IK Multimedia
  • Amp Room de Softube dans sa version initiale et plus récente
  • BIAS FX 2, BIAS Amp 2 et BIAS Pedal de Positive Grid
  • Guitar Rig 2, 3, 4, 5, 6, 7 de Native Instruments
  • GTR3 et Voltage Amps de Waves
  • ReValver 4 qui a changé d’éditeur et n’est plus désormais disponible qu’en version 5
  • S-Gear 3 de Scuffham
  • MGuitarArchitect de Melda Production
  • plusieurs plugins de Neural DSP
  • tous les plugins d’ampli pour guitare et basse de Brainworx
  • Genome de Two Notes
  • différents plugins de Blue Cat Audio, Voxengo, Bogren Digital, Overloud, TSE, Lepou, DiBiQuadro, Blob Audio, Kazrog et Kuassa
  • sans oublier le Neural Amp Modeler de Steve Atkinson qui peut d’ailleurs être utilisé au sein du MGuitarArchitect de Melda Production

Amplitube 5 (IK Multimedia) : frustrant et tortueux à l’utilisation

Même si Amplitube a souvent eu ma préférence avant de découvrir d’autres technologies de modélisation, j’ai toujours trouvé son ergonomie perfectible et n’ai jamais vraiment réussi à m’accoutumer à son système de sauvegarde des presets que je trouve trop directif. De plus, c’est sans équivoque l’un des plugins les plus longs à charger au lancement d’un projet quand il ne le plante tout simplement pas ! Il semblerait qu’il fasse systématiquement des contrôles de licence à chaque instance du plugin ce qui est ultra pénible quand on a dûment payé le logiciel et qu’on l’utilise sur plusieurs pistes en même temps.

Bref, j’ai été plus d’une fois bien énervé en attendant qu’il daigne laisser un projet se charger pour le voir souvent se planter au bout d’un temps qui semble interminable. Quand une idée vous trotte dans la tête et que le logiciel part en mode tunnel pour on ne sait quelle raison, c’est très très frustrant. Je suis d’autant plus intraitable sur ce point qu’Amplitube n’est pas spécialement bon marché.

Côté modélisation c’est plutôt pas mal pour les pédales et les modules d’effet, certains amplis sont franchement réussis mais d’autres n’ont aucune saveur ou paraissent artificiels. J’aimerais pouvoir combiner ses pédales ou ses effets à d’autres modélisations mais le réglage du gain en entrée, le routing interne, le bypass de certaines fonctions ne sont pas suffisamment explicites par rapport à d’autres produits.

Mon appréciation concernant la politique de prix d’IK Multimedia est mauvaise car je la trouve piégeuse…

Comme indiqué dans la première partie, les rubriques suivantes seront évaluées pour chaque plugin sur une  échelle de 0 à 3 (0 étant médiocre, 1 moyen, 2 bon et 3 excellent) :

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence0
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface1
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables3
Gestion des presets1
Qualité sonore2
Adaptabilité1
Politique de prix0
TOTAL14 sur 30

Amp Room (Softube) : un avant prometteur et un après inutilement compliqué

La première version d’Amp Room était très simple simple à utiliser mais la version actuelle souffre selon moi des mêmes défauts qu’Amplitube du moins dans son mode par défaut appelé « Suite » : c’est devenu une usine à gaz en essayant de trop ressembler à un magasin pour guitariste et des presets qui s’appuient sur des modules dont on n’a pas forcément la licence ! L’ergonomie s’en ressent et l’interface n’est pas toujours très instinctive par des choix de présentation discutables.

Toujours dans le mode « Suite » où l’intégration de certains modules achetés à part sous forme de plugins ne répond à aucune logique : certains apparaissent naturellement dans les modules, d’autres pas sans qu’on ne sache trop pour quelle raison. Et que dire du Celestion Speaker Shaper prétendument utilisable aussi bien en plugin individuel que comme module dans Amp Room, où il n’est en réalité disponible qu’en mode « Studio » ?! 

Par ailleurs, il n’est pas rare qu’en sélectionnant certains presets en mode « Suite », Amp Room ferme instantanément Reaper ! Je soupçonne là aussi le contrôle de licence de rendre toute la plate-forme instable ce qui est une fois de plus extrêmement frustrant. Les temps de chargement d’un plugin, que ce soit à l’insertion ou au lancement d’un projet sont anormalement long, c’est punitif surtout quand on paye dûment ses licences. Et en ce qui concerne Softube la tarification est assez élevée !

L’implémentation MIDI est jugée médiocre tout simplement parce qu’il n’y en pas, tout comme il faut oublier le stand-alone qui n’existe pas ! Néanmoins, il sera toujours possible de moduler les paramètres grâce à l’automation de l’application hôte sinon ce sera impossible à gérer.

Cependant (et c’est tout de même l’intérêt essentiel d’une modélisation d’ampli !), je trouve la réponse dynamique et les modélisations réussies, tant côté effets, amplis, baffles et modules d’effet. Le son est un peu agressif dans le haut du spectre mais c’est toujours plus facile d’en enlever que d’en rajouter quand il en manque ! Il est aussi possible de pousser très loin le routage de signal en mode « Studio » mais il n’est alors plus forcément possible de repasser en mode « Suite » ! Voilà c’est dommage car cela introduit une part « d’ésotérisme » dans un plugin qui aurait très bien pu se contenter du seul mode « Studio » plus clair et surtout plus stable.

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence0
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface1 (à cause du mode « Suite »)
Implémentation MIDI0
Paramètres modifiables3
Gestion des presets2
Qualité sonore2
Adaptabilité2
Politique de prix1
TOTAL15 sur 30

BIAX FX 2 (Positive Grid) : dans la même veine qu’Amplitube et Amp Room

Je n’évoquerai pas ici les deux autres produits BIAS Amp 2 et BIAS Pedal dont le but est de triturer numériquement les entrailles de différents modules qu’on peut d’ailleurs réutiliser dans BIAS FX 2. Concernant ce denier, il reprend donc peu ou prou les mêmes principes de présentation que le mode « Studio » d’Amp Room. Je trouve le son légèrement parfois voilé là où celui d’Amp Room peut se révéler agressif : cela semble provenir des IR de baffle mais il est tout à fait possible d’en charger d’autres que celles, nombreuses, déjà fournies. A ce propos, quelques amplis sont maintenant labellisés « Remaster Series », leur modélisation a été depuis peu totalement revue en beaucoup mieux, ça se sent et ça s’entend !

Un contrôle automatique de gain en entrée est implémenté et c’est un vrai bon point car ça fait un réglage de moins à se préoccuper ! Le son entre les différents presets est cohérent ce qui permet de passer de l’un à l’autre sans mauvaise surprise.

Mais un peu à la manière des Amplitube et Amp Room, ce n’est pas si simple de s’y retrouver entre les modules qu’on n’a pas, ceux qu’on aimerait avoir. Est-il plus judicieux de commencer par la version de base et procéder ensuite à une upgrade ou vaut-il mieux partir directement sur la version Elite ? J’aurais tendance à privilégier cette dernière stratégie d’autant que l’implémentation MIDI n’est pas disponible dans la version « de base ». Attention donc à bien choisir si cette option est essentielle pour vous !

En revanche le contrôle de licence est agaçant puisque le temp de chargement n’est pas spécialement rapide et qu’en plus il exige aléatoirement une connexion en ligne trop fréquemment à mon goût. Bien qu’un effort semble avoir été fait récemment de ce côté…

Un dernier point important au sujet de BIAS FX 2 qui le distingue d’Amplitube et Amp Room : la réverbération de la pièce dans laquelle se trouve la baffle n’est pas modélisée en plus des effets de réverbération, ce que je considère plus comme un avantage qu’un inconvénient : pas besoin de chercher quand on veut désactiver ce traitement ! A noter au passage qu’il existe un réglage de mode : reality pour un rendu plus « organique » (proche d’un ampli à côté de soit donc) et studio pour un rendu plus lissé, plus produit.

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence1
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface1
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables2
Gestion des presets1
Qualité sonore2
Adaptabilité2
Politique de prix1
TOTAL16 sur 30

Je me rends compte que j’ai oublié d’évoquer le module « Guitar Match » qui permet de remplacer le son de la guitare entrant par celui d’un autre modèle. C’est un effort louable de la part de Positive Grid puisqu’assez unique et pas franchement simple à mettre au point. Evidemment ça ne remplace pas une autre guitare, c’est amusant mais sans plus et je ne m’en sers jamais.

Guitar Rig 7 (Native Instruments), GTR3 (Waves) : des combinaisons sonores infinies utilisables dans plusieurs contextes

Le point commun entre ces deux plugins est que l’on s’éloigne de la simulation d’ampli « pure » avec un son en sortie toujours très « produit » voire « surproduit » : on perd un poil en dynamique ce que l’on gagne en variété sonore. Avec ces deux là on se sent beaucoup moins dans un temple religieusement dédié aux dieux de la guitare car leur approche est beaucoup plus générique (voire récréative pour Guitar Rig) et c’est justement ce qui les rend plus fun à utiliser.

D’ailleurs il est possible de les solliciter facilement dans d’autres contextes que la guitare ou la basse ! A ce petit jeu, Guitar Rig est le plus abouti des deux (là où GTR3 n’a plus jamais évolué depuis sa sortie tout en étant ergonomiquement simple et intuitif), puisqu’il intègre même certains modules développés par Softube et iZotope. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable de mixer un morceau complet en ne se servant que des modules de Guitar Rig où l’on peut d’ailleurs finir par se perdre tant les combinaisons sont infinies… 

Derniers points sur ces deux plugins sympathiques car différents de ce que tous les autres font :

  • Guitar Rig n’est pas le plus véloce à charger alors que GTR3 se charge en un clin d’oeil,
  • GTR3 est le plus modulaire de tous puisqu’il est possible de charger séparément (du moins en version plugin) pédales d’effet, amplis, baffles , tuner,
  • la politique de prix est jugée « moyenne » pour Guitar Rig car il en existe plusieurs versions allant du simple au double et son prix baissera significativement s’il est inclus dans d’autres bundles y compris ceux d’iZotope ou de Plugin Alliance,
  • la politique de prix est jugée « excellente » pour GTR 3 car il est très facile de le trouver à 29 euros, son prix peut baisser s’il est inclus dans un bundle mais on ne parle pas ici de centaines d’euros de différence !

Voici l’évaluation pour Guitar Rig 7 :

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence1
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface1
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables3
Gestion des presets2
Qualité sonore2
Adaptabilité2
Politique de prix1
TOTAL17 sur 30

Et celle pour GTR3 :

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence3
Sensibilité aux nuances de jeu1
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface3
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables2
Gestion des presets2
Qualité sonore2
Adaptabilité3
Politique de prix2
TOTAL22 sur 30

Voltage Amp (Waves) : simple et sans fioriture

Tout comme avec GTR3 ou Guitar Rig, le résultat obtenu s’apparente plus à un son « produit » mais en se limitant cette fois à quelques amplis. Ergonomiquement on ne peut pas faire plus simple ! Le son est plutôt bon en sacrifiant cependant la dynamique de jeu au profit d’un résultat satisfaisant obtenu facilement. Un potard de focus permet d’ailleurs de recentrer un peu plus le son à des fins de mixage. A noter qu’il est possible de désactiver la simulation de baffle pour en utiliser une autre et le plugin se combine parfaitement à d’autres effets.

Ce plugin s’adresse avant tout à quelqu’un qui n’a clairement pas le temps ou l’envie de se prendre la tête avec des considérations de puriste mais en cela l’objectif est largement atteint. Le nombre de paramètres est donc jugé « médiocre » car il est réduit au strict nécessaire mais devient en fait un gros avantage si c’est le but recherché. L’égalisation est notamment verrouillable d’un ampli à l’autre ce qui oriente son usage vers le « reamping » en studio lors de l’étape de production sans pour autant le cantonner à cette seule fonction.

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence2
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface3
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables1
Gestion des presets2
Qualité sonore2
Adaptabilité3
Politique de prix2
TOTAL21 sur 30

ReValver 4 (AMR) & 5 (HeadRush) : abandonné puis racheté puis abandonné puis racheté

A l’origine mis au point par Peavy (si je ne m’abuse), ReValver est aujourd’hui distribué en version 5 sous la marque HeadRush du groupe inMusic. Qu’apporte la version 5 par rapport à la version 4 (qui sonnait par ailleurs très bien) ? Plusieurs évolutions mineures mais bienvenues, la licence n’est plus gérée par la même entreprise et celle-ci a été simplifiée. Il vaut mieux d’ailleurs contacter le support en cas de problème pour le transfert d’une licence 4 vers 5 et il répond assez rapidement.

Le son est bon, l’ergonomie est limpide (pas besoin de lire la doc), le tarif fixe est raisonnable étant donné la pléthore de modules fournis. Il est même carrément possible d’insérer des VST tiers à n’importe quel niveau dans la chaîne de traitement (donc n’importe quel simulation d’un produit concurrent !) ce qui est assez unique et en fait un modèle d’adaptabilité. Le module Amp Cloner m’a aussi était fourni avec ReValver 4 mais je n’ai jamais eu l’occasion de le tester.

Un outil très complet et sympathique à utiliser.

RUBRIQUEEVALUATION
Transparence du contrôle de licence2
Sensibilité aux nuances de jeu2
Réactivité aux micros utilisés2
Ergonomie de l’interface3
Implémentation MIDI2
Paramètres modifiables2
Gestion des presets2
Qualité sonore2
Adaptabilité3
Politique de prix2
TOTAL22 sur 30

La suite de l’évaluation des autres produits en partie 3…

– wan –

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