Squier Classic Vibe Stratocaster d’aujourd’hui et d’hier.

La série des guitares et basses Classic Vibe chez Squier m’a toujours plus intéressé que les autres gammes y compris chez Fender. Sorte de « Custom Shop du pauvre » dont les modèles sont plus proches des spécificités originelles, du moins en apparences, j’ai néanmoins était déçu récemment par le modèle JazzMaster au niveau des micros que j’ai trouvés différents, plus agressifs et manquant de personnalité. Je me suis donc intéressé à la toute dernière version de la Stratocaster ’60s Classic Vibe dont j’avais déjà un modèle plus ancien en tous points remarquable. En voici un comparatif…

Il suffisait que j’écrive qu’aucun modèle de la série Classic Vibe ne m’avait jamais déçu pour que cela arrive ! Après avoir adopté une P-Bass, une J-Bass puis une Stratocaster de cette série,  je m’étais intéressé à la JazzMaster en étant assez confiant mais finalement je n’ai toujours pas réussi à m’habituer à ses micros. Avec le recul, cela m’a rappelé le sentiment que j’avais eu en comparant la toute jeune gamme Classic Vibe à la série Vintage Modified que je n’ai jamais appréciée précisément à cause des micros.

Visuellement c’est du même niveau

Ci dessus le modèle du haut (Sunburst) a trois ans et celui du bas n’a que quelques mois. La première a été choisie en magasin et comparée à d’autres Stratocaster Squier et Fender, elle sortait clairement du lot avec ses micros aux sonorités authentiques, sa finition remarquable. La deuxième a été achetée en ligne directement.

La finition est excellente et comparable sur les deux modèles, les plastiques ont l’air d’avoir passé à la lumière avec le temps.

Il faut aimer le look tortoise du pickguard qui tranche avec les boutons et les micros mais je m’y suis habitué.

Un corps et des micros différents

Le corps du modèle récent est en nato et c’est la plus légère de toutes mes guitares, un vrai plus si l’on doit trimballer sa guitare en répétition toutes les semaines.

Le corps de l’ancien modèle est un assemblage de trois pièces d’aulne tellement bien agencées qu’il faut avoir le nez dessus pour s’en rendre compte. Le veinage est magnifique et le poids comparable à une Stratocaster Standard. La plaque de fixation du manche est gravée et non pas emboutie, c’est un détail sans grande importance qui ne change rien au son mais c’est plus fin et mieux réalisé.

Le manche et le frettage sont exemplaires, il n’y a vraiment rien à redire de ce côté là. Les repères de touche sont d’apparence nacrée mais la déception concerne ici, tout comme pour la JazzMaster, les micros : agressifs, peu nuancés, secs, pas du tout dans l’esprit « Classic Vibe ». En tout cas je n’aime pas du tout, j’ai l’impression de ne rien pouvoir exprimer à travers eux.

Le manche de l’ancien modèle présente les mêmes qualités que le modèle récent. Le profil est très confortable à tel point que j’en ai installé un tout de suite après sur ma Strat de concert. Les micros sont excellents, l’attaque est riche, le son détaillé et ils réagissent à toutes les nuances de jeu. Même les micros de ma Strat US paraissent insipides à côté !

Le vibrato n’est pas tout à fait le même non plus

Le vibrato est à six points et les pontets sont marqués du logo Squier sur le modèle récent. Par contre il est excessivement dur à manipuler et même si les ressorts n’ont pas l’air particulièrement tendus, ils s’opposent beaucoup trop fermement à la tension des cordes ce qui rend l’usage délicat et imprécis.

Là encore sur l’ancien modèle le vibrato est à six points donc « authentique », les pontets sont d’un alliage différent, mat et plus finement usinés. Le vibrato se manipule très bien, avec précision et souplesse, aucun réglage à faire, c’est tout bon !

Un seul guide-corde sur la tête et des mécaniques « à l’ancienne » bien plus pratiques que celles à oeillet utilisées massivement aujourd’hui dans lesquels la corde à tendance à glisser lorsqu’on la monte. Alors que l’ancien système reste majoritairement utilisé sur les basses, pourquoi en guitare on continue à utiliser un système moins efficace ? Parce qu’il est plus récent ? En tout cas là c’est impeccable et ces mécaniques fonctionnent très bien.

L’ancienne modèle Classic Vibe a les mêmes caractéristiques et la seule différence est la teinte du logo qui renvoie la lumière au point qu’il est impossible de prendre la photo sans avoir cet effet de saturation : ça en jette !

Le vernis ambré du manche est délicieusement « vintage » sur les deux modèles, plus prononcé sur le modèle récent fabriqué en Indonésie.

Quelle que soit l’origine, les deux modèles n’ont aucun défaut de finition ou d’assemblage, seules les cordes, les micros et les ressorts de vibrato sont de moins bonne qualité sur l’indonésienne qui est aussi moins chère.

Au final

L’ancien modèle ci-dessous en photo est indéniablement la meilleure Strat que je connaisse même comparée à ma Strat Standard, elle a ce « mojo » caractéristique des bonnes guitares et on le ressent tout de suite dès qu’on en joue. Pas besoin de ramer à contre-courant pour en tirer ce qu’on cherche, tout devient facile avec une telle guitare, elle donne des ailes !

Le modèle plus récent n’est malheureusement pas aussi bien loti et ça tient essentiellement aux micros que je vais m’empresser de remplacer : ils ne rendent pas du tout justice à la lutherie qui est de très bonne qualité. Par ailleurs le vibrato est équipé de ressorts de tension bien trop fermes que je vais aussi changer. Quant à l’essence des bois, elle influence très peu le son, on a bien affaire à une Strat dans les deux cas et le nouveau modèle a au moins l’avantage d’être bien plus léger.

En conclusion, même 50 euros plus cher l’ancien modèle était une meilleure affaire si l’on inclut le budget nécessaire pour amener le nouveau modèle, ci-dessus en photo, au même niveau qualitatif en terme de sonorité et de jouabilité.

Complément d’appréciation rédigé après plusieurs mois d’usage et un démontage/remontage complet…

Sur les enregistrements et en passant par un même préampli sans toucher aux réglages, le niveau de sortie du modèle indonésien est effectivement plus élevé et agressif, certainement plus « moderne » et en meilleure adéquation avec la demande du marché. Au rendu, j’ai l’impression que les aimants sont en céramique sur l’indonésienne et en Alnico 5 sur la chinoise. Mais au risque de me répéter, je n’aime pas les micros trop puissants et agressifs, cela réduit la marge de jeu, la marge de nuance… Il s’agit là d’un point de vue strictement personnel.

Attention c’est loin d’être une catastrophe cependant, le son reste bien typique de la Strat sur toutes les positions ! J’ai même réussi à calmer leur ardeur en les réglant très bas et ça correspond mieux à mon style de jeu. Leur remplacement n’a finalement pas été nécessaire, bien que je dispose de plusieurs plaques déjà équipées en Seymour SSL1, Fender CS69, TTS ’65 ou encore EMG SA…

A noter tout de même, si vous souhaitez malgré tout changer les micros, que la largeur totale des micros est bien la même que sur une Strat US (les pickguards sont compatibles) mais l’espacement des cordes est plus étroit sur les Squier et les aimants plus rapprochés. Cela signifie qu’au niveau du micro manche, les plots des deux cordes mi ne seront plus alignés et les capots de micros asiatiques inadaptés avec les micros destinés aux Strat US.

Par ailleurs, ce qui rendait la manipulation du vibrato délicate tenait au fait qu’il était vissé et serré à fond tout contre la table. Ce que je préconise sur ce type de vibrato « vintage » à six vis, c’est de désserer les quatre vis du milieu et un peu moins les vis aux extrémités… Ce réglage pourra être fait de manière très précise avec les cordes et les ressorts démontés : il ne doit y avoir aucun jeu, juste une bascule fluide du vibrato et un retour systématique en place.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *